
TRANSMISSIONS
Recueil de nouvelles
Lu par Clément MANUEL
Clément MANUEL
Originaire de Lyon, Clément Manuel arrive à Bruxelles en 2001 pour entrer au Conservatoire Royal de Bruxelles. Premier Prix du Conservatoire et Prix du Patrimoine en poche, il devient dès lors, un comédien belge ! Il fait ses armes sur les planches de plusieurs théâtres bruxellois en tant que comédien dans des rôles allant du registre classique au contemporain, passant de la comédie au drame mais aussi en produisant et mettant en scène des spectacles comme par exemple « Squash » où il donne la réplique à Charlie Dupont.
En parallèle, il s’essaie avec succès au petit écran et abandonne les planches quelques années. Grâce aux séries « Falco » et « Ainsi Soient-ils », il se fait connaître auprès du grand public. De TF1 à Arte en passant par M6 et Netflix, Clément se plonge avec passion dans des rôles complexes comme dans « Le Tueur du lac », « Renaissances », « Elle m’a sauvée »,
« Braqueurs », « Ennemi Public »…
Mais c’est dans la comédie qu’on le voit le plus au cinéma comme dans « De l’art ou du Machond » avec Benoît Poelvoorde, « Faut pas lui dire », « Losers Révolution » puis aux côtés de Kody qu’il retrouvé dans « Match » avec Pauline Etienne, une série de capsules humoristiques, diffusées sur les chaînes Belges pendant la dernière coupe du monde de football et Thomas Ancora avec qui il fit le « buzz » en Belgique quelques années auparavant avec les vidéos internet : « Ce que disent les Bruxellois », « Ce que disent les gens du cinéma belge »…
En 2022, il co-réalise « Mon fils », son premier court-métrage et travaille actuellement à la co-écriture d’un long-métrage.
« Ramses II » de Sébastien Thiéry signe son retour au théâtre après 11 ans d’absence.
En parallèle, depuis une dizaine d’années, il est producteur associé chez Kwassa Films.
Le réparateur (texte)
Gaston a toujours vécu dans son garage. Quand il était enfant, il restait tranquillement assis sur le gros bidon que son père avait transformé en siège pour lui. C’était ainsi. Dès qu’il avait un moment de liberté, il le passait au côté de son père. Dans l’atelier. Au milieu des voitures en panne des clients. Il apprit très vite à connaître les outils ; clef de douze, tournevis droits, tournevis cruciformes, pinces de toutes sortes, douilles, clefs Allen… et surtout à bien les ranger toujours à la même place. Sa préférée était la clef à cliquet qui faisait un petit bruit métallique quand, par mégarde, on l’utilisait à l’envers. Ce son lui rappelait un petit jouet de Noël qu’il fallait remonter avec une clef de fer blanc. Un petit singe musicien jouant des cymbales. Une fois le ressort bien tendu, on enlevait la clef et le singe se lançait dans une danse endiablée, rythmée par les coups répétés des disques de cuivre. Gaston, lui, écoutait le ressort se détendre lentement, ralentir jusqu’au silence. Il était fasciné par ce son discret qui inscrivait dans le temps ce jeu un peu trop remuant. La clef à cliquet, elle, se rangeait à son clou. Sur le panneau en bois. En haut et à droite.
Gaston consacra son adolescence à une multitude d’expériences qui ne furent pas toutes couronnées de succès. Si le montage d’un moteur électrique sur la poussette de sa petite sœur fonctionna parfaitement, il n’en fut pas de même avec la centrale d’aspiration qu’il installa au garage pour évacuer les gaz d’échappement ; le moteur utilisé produisait lui-même des gaz, ce qui était un comble, mais quand le vent soufflait du nord, le système s’inversait et l’air de l’atelier devenait irrespirable ! Il imagina aussi un plateau tournant pour faire pivoter les voitures et accéder ainsi au capot, aux ailes et au coffre arrière sans avoir à se déplacer. Le travail deviendrait bien plus efficace avec tous les outils à portée de main. Bien rangés et bien accessibles. Il passa beaucoup de temps à démonter et remonter plusieurs fois un vieux moteur que son père gardait au fond du garage. Il apprit ainsi comment les pièces étaient reliées les unes aux autres et devina comment cette masse inerte pouvait créer du mouvement grâce à la transmission. Tout partait de là, boîte de vitesses, essieux, roulements, échappement…et prenait place logiquement dans la dynamique générée par le moteur.
Gaston apprit beaucoup de ces expériences et devint très vite indispensable auprès de son père. Il était imaginatif et chaque panne se présentait à son esprit comme une enquête à résoudre, une suite de problèmes qui ne résistaient, ni à l’intuition, ni à la raison. Un rythme saccadé trahissait une combustion mal réglée. Une usure irrégulière des pneumatiques ; un train avant déséquilibré. Un échappement plus gras ; une bougie défectueuse… Tout avait une cause et rien n’arrivait par hasard. Il suffisait, pensait Gaston, de prendre le temps de réfléchir, et surtout de bien écouter.
Devenu adulte, il avait naturellement été embauché par son père. Comme assistant dans un premier temps, puis très vite comme « associé ». Il n’avait pas son pareil pour détecter une panne et proposer une solution. Parfois, il lui suffisait de donner un quart de tour à la vis d’un carburateur pour que le moteur se mette à tourner comme au premier jour. Un peu de graisse sur ce roulement. Un petit coup de lime sur l’électrode d’une bougie. Changer un joint qui fuyait. Souvent, les petits gestes produisaient de grands effets. Et tout l’art de Gaston résidait dans la modestie de ses interventions.
En prenant sa retraite, le père de Gaston lui confia la direction du garage. Devenu patron, il embaucha immédiatement le néo-retraité pour l’assister dans la comptabilité, la gestion des fournitures et même parfois comme « apprenti de luxe », lorsque le travail était plus facile à deux. Ainsi la spirale de la transmission restait en mouvement. En « laissant le volant » à son fils, le vieux mécanicien avait fait de lui un autre homme, plus sûr de lui, parfois plus autoritaire, mais toujours aussi passionné et talentueux.
Les clients étaient de plus en plus nombreux et Gaston dut embaucher deux jeunes mécaniciens pour faire face. Ils étaient rapides, précis et travailleurs. Cependant, il restait un domaine dans lequel personne n’osait se mesurer à Gaston ; le diagnostic des pannes ! Un employé mettait le contact du véhicule et, en deux temps trois mouvements, Gaston indiquait d’où venait le problème et donnait ses ordres pour le résoudre. L’atelier était alors immédiatement animé par un ballet parfaitement synchronisé pour trouver les outils nécessaires, commander les pièces manquantes si nécessaire, démonter ce qui pouvait l’être, dans un seul but ; rendre l’auto le plus rapidement possible à son propriétaire. Le tout dans un silence remarquable.
Gaston avait besoin de silence pour se concentrer. Il avait besoin de silence pour se repérer. Il voyait avec ses mains et comprenait le monde avec ses oreilles. Déjà, enfant, alors qu’il passait ses journées assis sur le bidon de fer dans un coin de l’atelier, Gaston aimait partager avec son père ces moments d’intimité que venaient enchanter le bruit des outils lorsqu’on les posait sur la tôle, l’air qui emplissait une chambre à air, l’huile qui s’écoulait d’un carter.
Aveugle de naissance, Gaston s’était construit un univers sonore magique et rassurant.
Inspiré des histoires vraies de Asif Patel au Pakistan et Col Collewijn aux Pays-Bas.
Lu par Valérie MUZZI
Valérie MUZZI
Valérie Muzzi est une actrice belge, diplômée de l’Institut supérieur des Arts du Spectacle de Bruxelles. Elle a complété sa formation de comédienne par une licence en Art du spectacle et une année d’études cinématographiques à Rome. Doublage, voix off, animation radio, publicité, elle est particulièrement active en studio.
Vous l’avez certainement déjà entendue. Pour le vérifier et découvrir l’ampleur, la variété et la qualité de son travail, voici deux sites qui la présentent :
https://wikidoublage.fandom.com/fr/wiki/Val%C3%A9rie_Muzzi#Filmographie
https://www.audiolib.fr/auteur/valerie-muzzi/
Double Je (texte)
Béatrice, Bérénice. Bérénice, Béatrice. Deux parfaites jumelles. « Deux jumelles parfaites » comme dit Bernard leur père.
Qui est Bernard, père de ces jumelles parfaites ? Bernard Courcelle est un ancien pilote automobile, ou plus précisément un ancien pilote de rallyes. Trois fois vainqueur du rallye de Monte-Carlo, premier pilote à avoir osé défier Ari Vatanen sur ses terres scandinaves, il est devenu célèbre pour avoir été l’un des pionniers du rallye raid. Pour ses filles, il a surtout été un père absent qu’elles ont appris à connaître dans les pages de l’Auto-Journal et de Rallye Magazine. Entre les reconnaissances, les courses et les « obligations » avec ses partenaires publicitaires, Bernard était rarement chez lui. Quoi qu’il en soit, elles ont grandi avec une idée en tête : « Se faire un prénom, ou plutôt deux prénoms, dans le milieu très macho du rallye. »
A peine avait-il mis un terme à sa carrière sportive qu’elles le harcelèrent pour tout savoir du pilotage. Il prit beaucoup de plaisir à leur apprendre tous les secrets de la conduite sportive ; double débrayage, contre braquage, talon pointe et bien entendu le freinage, qui consiste à agir le plus tard possible. Béatrice se révéla très vite plus douée que sa sœur, surtout pour freiner tard.
Loin de se décourager, Bérénice décida de devenir copilote et maîtrisa rapidement le vocabulaire « magique » de ce métier : « G 60, 90, 120 etc., Sort corde, G80/D90, Rentre tôt, GN etc… »
Mais on ne devient pas pilote par la seule grâce du talent. Il faut se frotter à la piste, qu’elle soit d’asphalte ou de terre. Avant de se lancer sur les routes et les pistes pierreuses, Béatrice bénéficia d’une dérogation de la Fédération Française du Sport Automobile pour conduire sur circuit dès quinze ans. Elle y apprit la compétition, l’adversité et l’engagement physique nécessaires en course. Pendant ce temps, Bérénice accompagnait son père sur des rallyes régionaux. Si les organisateurs étaient très heureux de compter Bernard Courcelle parmi les participants, les concurrents étaient, eux, moins enthousiastes de se mesurer à lui. Bérénice put ainsi mettre en pratique toute la théorie apprise depuis des années et commencer à élaborer ses propres codes, son propre langage. C’est, dit-on, le secret des bons copilotes.
Permis de conduire en poche, les deux sœurs s’engagèrent pour une saison de rallyes régionaux. Les victoires s’enchaînèrent. Dans les petites catégories d’abord, puis au niveau européen et maintenant en WRC. Et il faut dire que l’alchimie mystérieuse qui unit des jumelles leur faisait faire des miracles. On prétend même que Bernard les surprit un jour, à faire un tour du circuit du Castelet à fond, Bérénice lisant les notes à sa sœur qui conduisait les yeux bandés…excellent exercice dont il n’y a malheureusement aucune preuve. Elles sont identifiables de loin, vêtues de leurs combinaisons roses, chaussées de rouge, casquées de blancs avec une démarche élégante qui vient de leur mère, une mannequin irlandaise que Bernard avait rencontrée lors d’une séance de photos publicitaires. Elles ont hérité d’elle, sa chevelure rousse, ses yeux émeraudes et ses taches de rousseur qui leur donnent encore aujourd’hui un côté rieur et enfantin.
Dans les conférences de presse, il n’est pas rare que Bérénice se fasse passer pour sa sœur et décrive par le menu les actions de pilotage, commente le comportement de la voiture et vante même le professionnalisme de sa copilote ! Elles adorent échanger leurs places, comme elles le faisaient déjà parfois en classe. Pas pour tricher, mais pour renforcer leur complicité. Très vite la presse spécialisée les appela « les ‘BB’ Courcelle » Dans un premier temps, elles s’en agacèrent, puis décidèrent de ne plus y prêter attention.
Nous les retrouvons pour leur deuxième « Dakar ». Elles ont déjà gagné leur catégorie lors de leur première participation et maintenant, elles visent le général ; Comme Jutta Kleinschmidt en 2001. Elles disposent d’un proto taillé pour la piste et d’une équipe technique très expérimentée. Béatrice est en grande forme physique et Bérénice en grande confiance. Tout va bien jusqu’à la septième étape. Un rocher, dissimulé derrière un virage, oblige Béatrice à faire une légère sortie de piste, suffisante pour provoquer une crevaison. En changeant la roue, Béatrice se tord le poignet droit et se fait une entorse. Elle termine l’étape, mais la douleur est terrible au réveil le lendemain matin. Que faire ? En toute logique il conviendrait d’informer l’équipe et d’abandonner. Bérénice n’a pas de licence de pilote et ne peut donc pas prendre le volant. Mais nos deux jumelles voient les choses autrement.
Bérénice : – T’inquiètes pas on va échanger nos places.
Béatrice : – Cool. C’est ça en fait. T’as raison. On s’échange nos combis, nos casques et surtout, on dit rien à personne.
– Même à papa ?
– Même à papa. Par contre, faut que j’te dise un truc.
– Quoi ?
– Ah, mais j’hésite à t’en parler en fait.
– Allez, accouche !
– Tu sais, Franck, le copilote de Mc Tire… Ben, il me drague depuis deux, trois jours. Et là, forcément, il va nous confondre…
– Quoi ? Tu déconnes ! Pourquoi tu m’en as pas parlé avant ?
– Oui, je suis désolée. Je sais pas quoi faire. Il me plait bien, mais bon, tu sais bien, c’est compliqué en ce moment pour moi.
– Bon pas de soucis. Je te remplace sur ce coup-là aussi.
– Oh, t’es sûre ?
– Oui, oui. Mais si ça va trop loin, faudra pas m’en vouloir. Ok ?
– Ok !
Et voilà notre nouvel équipage au départ de la huitième étape ; Longue journée de sable avec un road book plutôt « tordu », des check points introuvables et pour couronner le tout, un vent tourbillonnant sur les cent cinquante premiers kilomètres. Malgré leur mental exceptionnel et une volonté de fer, les jumelles perdent trois places au classement général. Il en faut plus pour les décourager. Fidèles à la devise familiale « Chez les Courcelle, on reste en selle », elles sont déterminées. La voiture n’a aucun problème et le retard pris n’est finalement pas très important. Au bivouac, Bérénice évite soigneusement Franck et la nuit se passe parfaitement. Ensuite, les journées se déroulent comme dans un rêve. En quittant le désert, nos jumelles se rapprochent de la tête de la course. L’équipage qui est classé deuxième est contraint à l’abandon sur une casse mécanique et il ne reste plus que deux adversaires à dépasser, en quatre étapes. Au bivouac, Franck se montre de plus en plus pressant, d’autant plus que l’ambiance n’est pas au beau fixe avec son pilote Mc Tire. Ils se sont disputés violemment, après avoir jardiné à la recherche d’un waypoint, pourtant facile à voir sur le road book. La course est finie pour eux. Ils ont perdu trop de temps pour espérer remonter aux avant-postes. Franck a besoin de réconfort et il compte bien sur Béatrice pour se consoler. Mais Béatrice, ou plutôt Bérénice, épuisée par son nouveau rôle de pilote, ignore superbement Franck qui s’en va, dépité. De loin, Béatrice sourit en attendant son heure.
Veille de l’avant-dernière étape. L’équipe avait mis en place une stratégie qui reposait essentiellement sur le talent de Béatrice pour freiner tard, voire pas du tout…et ça, c’est compliqué pour Bérénice. En toute nouvelle copilote, Béatrice trouve une astuce pour que sa sœur ne freine pas trop tôt. C’est osé, mais très efficace ; elle annonce les virages avec un très léger retard, obligeant Bérénice à freiner tard, gagnant ainsi de précieuses secondes et prendre la tête du classement général. Elles ont quarante secondes d’avance sur les seconds et ne peuvent pas se contenter d’assurer. Il va falloir attaquer et pour ça, rien ne doit être laisser au hasard. Les mécanos travaillent toute la nuit pour remplacer ce qui peut l’être, en apportant un soin particulier aux pneumatiques et aux réglages réclamés par les jumelles.
Un « point presse » est organisé pour les journalistes du monde entier attirés par la performance des « BB Courcelle ». Bérénice et Béatrice sont pour la première fois de leurs jeunes carrières, un peu stressées. Elles savent qu’elles peuvent entrer dans l’histoire en devenant le premier équipage entièrement féminin à remporter l’épreuve reine des rallyes raid. Mais elles savent aussi que leur force vient en partie du secret qui les lie depuis le soir de la septième étape. Elles s’en sortent bien, aidées par le directeur de l’écurie, un vieux briscard des rallyes raids qui répond pour elles à de nombreuses questions.
En se rendant sur la ligne de départ, Bérénice, vêtue de la combinaison de Béatrice, est interpellée par un enfant qui lui tend une feuille de papier pliée en deux. Elle l’ouvre. Lit ce qui y est écrit, blêmit et la tend à sa sœur.
– Regarde ça ‘Bé’, on est foutues !
Béatrice lit : « Bravo Bérénice tu es une formidable pilote – F », et lève des yeux inquiets vers sa sœur.
– Mais c’est génial ça ma ‘Bé’. On est dévoilées, pas dénoncées. Et puis c’est vrai ça, que tu es une formidable pilote.
– Tu le penses vraiment ?
– Mais oui. Ça me gonfle, mais, oui, tu es exceptionnelle !
– Alors on va gagner ?
– Evidemment qu’on va gagner. En route !
Et voici nos jumelles filant vers la victoire. Cette dernière journée de course est une formalité malgré le retour fracassant des poursuivants qui terminent à vingt-deux secondes derrière elles.
Depuis le podium, debout sur le capot de leur voiture, nos « BB Courcelle » aperçoivent Franck avec un énorme appareil photo qui déclenche à tout va. A peine descendues, elles se précipitent vers lui.
– Franck ! T’es photographe, toi, maintenant ?
– Ecoutez-moi ! Je vous ai aperçu depuis le sommet d’une dune quand vous avez crevé sur la septième étape. J’ai bien vu Béatrice se faire mal et le soir au bivouac, elle avait une bande au poignet, n’est-ce pas ? Mais le lendemain, c’est Bérénice qui avait le bandage. J’ai tout de suite compris que vous aviez échangé vos places. Le petit mot de ce matin, c’est moi. Je ne voulais pas vous effrayer, je te trouve vraiment géniale Bérénice !
– Pourquoi tu ne nous as pas dénoncées ?
– Je ne suis pas comme ça. Et Franck non plus.
– Comment ça, Franck non plus ?
– Ben oui, Franck, mon frère jumeau. Moi c’est Frantz.









