
TRANSMISSIONS
Recueil de nouvelles
Lu par Grégoire MANUEL
Grégoire MANUEL
Après avoir pratiqué le théâtre amateur au collège puis au lycée, en jouant plusieurs années de suite dans le Festival d’Avignon Off, Grégoire Manuel s’oriente avec succès vers les métiers du cinéma.
Il étudie à l’Esec (L’école des métiers du cinéma et de l’audiovisuel) de Paris et travaille à tous les postes de régie avant de devenir assistant réalisateur, métier qu’il exerce aujourd’hui à Bruxelles comme 1er assistant ; Looser Revolution pour Kwassa Films, Baraki (saison 1 et 2 ) pour la RTBF, Les Amateurs pour Disney Plus…
Le plein de souvenirs (texte)
Un soir, ma mère me proposa une tisane qu’elle me servit dans une tasse qui me plongea instantanément dans les années soixante-dix. Mon père passait beaucoup de temps sur la route. Son entreprise l’envoyait dans tous le quart sud-est de la France chez les clients dont les installations étaient en panne, trop usées ou mal utilisées. Il y allait, analysait, comprenait et réparait. Tous ces kilomètres nécessitaient beaucoup de carburant et donc beaucoup de cadeaux. En effet les compagnies pétrolières, qui n’étaient pas encore touchées par le choc pétrolier de 1974, rivalisaient d’imagination pour fidéliser les clients. Antar, Shell, Esso, Fina, BP, Total ou Avia proposaient de la vaisselle, des figurines, des porte-clés, des jeux de plage. Mobil les séduisait avec de la vaisselle Arcopal au design caractéristique des seventies ; de gros motifs floraux oranges et marrons, ou bien bleus et verts. Le système était simple ; un plein , un bon, dix bon, un mug ! Mon père se servait chez Mobil, nous bûmes donc café, chocolats chauds, thés et autres infusions dans ces mugs fleuris pendant de longues années. Je buvais de nouveau dans une de ces tasses que nous n’appelions pas encore mugs.
Mon père changeait de voiture tous les deux ans. J’attendais ce moment avec une envie et un plaisir toujours augmentés par la surprise ; ce soir où, au lieu de dénouer sa cravate et ôter la veste de son costume, il nous demandait de mettre nos chaussures et de le suivre. Nous nous entassions dans l’ascenseur et nous précipitions vers le parking pour découvrir sa nouvelle voiture. En cette année 1973 il venait d’acheter une Peugeot 504 Ti, l’une des plus belles voitures françaises. La sienne, qui allait devenir la nôtre, était vert foncé, d’une teinte franche qui lui donnait un air à la fois sérieux et moderne. Ce moment était une sorte de fête pour les sens ; au plaisir d’apprécier le confort des places arrière s’ajoutait la sensation stimulante procurée par l’odeur du neuf. Chaque marque avait son odeur et celle-ci, caractéristique de Peugeot était amplifiée par celle des sièges en cuir. J’ai beaucoup aimé cette voiture qui nous a transportés sur les routes d’Europe, conduits au ski en hiver ou à Marseille pour Noël. Elle trônait sur le parking à côté d’une autre Peugeot ; une 104 blanche, celle de mon Grand-Père. Il avait un rapport particulier avec ses automobiles. Il avait obtenu son permis de conduire dans les années vingt en allant simplement l’acheter dans un bureau spécialisé dans ce commerce balbutiant. Il n’avait ensuite jamais jugé utile de se renseigner sur les règles du code de la route, ni sur le contenu du guide de l’utilisateur livré avec ses voitures. Pour couronner le tout il avait acquis au fil des années une surdité profonde qui créait une barrière infranchissable entre les signes d’agonie hurlés par l’embrayage et son cerveau trop occupé à surveiller la circulation. On devinait qu’il venait juste de se garer grâce à l’odeur qui s’échappait du capot. Une odeur de mort mécanique, de pièces usées à la limite de la rupture. A chacun de ses déplacements on se penchait à la fenêtre pour vérifier qu’il avait réussi à partir et on guettait son retour en espérant que la carrosserie n’avait pas souffert de sa conduite pour le moins empirique. L’autonomie des personnes âgées passe parfois par cette maitrise approximative des outils censés garantir leur liberté.
Je me souviens aussi d’Edmond. Fils d’un opticien réputé de la grande ville voisine, il venait d’arriver dans notre immeuble avec sa famille. Il représentait tout ce que nous n’étions pas ; grand, beau, riche et surtout affichant en permanence une sorte d’insouciance qui pouvait passer pour du mépris. Il avait convenu avec son expert-comptable qu’en changeant de voiture tous les six mois, il perdrait beaucoup moins d’argent qu’en les conservant plus longtemps. Ainsi donc notre plaisir d’adolescent était de surveiller régulièrement le parking pour voir quelle serait la nouvelle acquisition d’Edmond. Cet homme élégant ne roulait pas dans la même voiture que le commun des mortels ; on vit donc passer des Alfa-Romeo, des Opel et même une BMW 2002 Touring orange qu’il ne garda que quelques semaines.
C’est donc à cette époque que ma « culture » automobile se forgea. Elle fut surtout alimentée par à un mystérieux voisin de palier.
En vacances il arrivait à mon père de faire le plein dans des stations Elf. Dans ce contexte concurrentiel, Elf se distinguait en offrant des photos 21×30 cm, cartonnées, entièrement à la gloire de la marque, alors très investie dans la compétition automobile. On y voyait Jacky Stewart avec son casque blanc orné d’une bande écossaise, Henri Pescarolo et son casque vert répété comme à l’infini en un montage plein d’énergie, François Cevert et son regard magnétique, Patrick Depailler, l’Alpine A 110 qui régnait sur les rallyes, les Matra qui brillaient au 24 h du Mans et en F1, le circuit de Spa et son tracé mythique et même l’équipe des pilotes Elf avec des autographes que je croyais fait spécialement pour moi. Le dos de chaque carte était couvert d’informations sur la biographie et le palmarès des pilotes, sur les caractéristiques des circuits, les performances des bolides… Bref tout ce qui allait constituer mon Panthéon du sport auto était disponible dans les stations Elf, pour peu qu’on y fasse le plein ! Mon père s’y arrêtait rarement et ma collection était plutôt maigre. C’est alors qu’intervint la dernière voisine de palier, au bout du couloir. On ne savait pas grand-chose d’elle ni de son mari. Nous apprîmes plus tard qu’elle était belge, ancienne secrétaire du premier ministre et lui roumain, ingénieur chez Elf. Je n’ai aucun souvenir de leur voiture familiale, peut-être une Renault 16. Mais avec une discrétion et une délicatesse incroyable, ce voisin roumain que je ne voyais presque jamais m’a laissé le plus beau cadeau de mon adolescence. Le matin en partant au collège, je trouvais sur le paillasson une enveloppe avec une ou plusieurs de ces photos. Elles sont mystérieusement ressorties du carton où elles dormaient depuis de longues années en compagnie de brevets de natation, couvertures de magazines, séries de timbres et dessins d’adolescent. Cette collection que j’imaginais complète présentait quelques trous. Internet m’a permis de découvrir que la série comptait trente-deux images et que certaines qui me manquaient étaient disponibles pour quelques euros. Certaines restent introuvables, ma collection sera à jamais incomplète. Mais peu importe, elles constituent le socle de ce que je sais des voitures de courses, des pilotes, des F1, des protos d’endurance, des circuits mythiques où je rêve encore parfois de rouler un jour.
Lu par Kody KIM
Kody KIM
Kody provient d’une famille congolaise dont le père était diplomate à Bruxelles.
Il commence ses spectacles d’humour au Kings of Comedy, une salle de la chaussée de Boondael à Ixelles (Bruxelles). Il anime parallèlement, le dimanche matin, sur VivaCité (radio belge), une émission d’humour appelée Les Enfants de chœur. Vu le succès remporté par cette émission, Kody est engagé, en 2010, à la télévision belge (RTBF) pour animer le Belge Comédie Show. Il joue aussi le rôle de piégeur dans l’émission de caméras cachées de la RTBF Ça n’arrive pas qu’aux autres, présentée par Maureen Louys. Au début de sa carrière, il est connu sous le nom de Kody Kim.
Tout en poursuivant ses spectacles de one-man-show au Kings of Comedy, Kody participe, en juillet 2014, sur France 2, à la dernière saison de l’émission de Laurent Ruquier On n’demande qu’à en rire.
Il remonte sur scène en 2014 dans un nouveau spectacle intitulé À vendre ! dans un style de stand-up à l’américaine.
En 2015, il obtient un rôle dans Le Tout Nouveau Testament, le film de Jaco Van Dormael.
Depuis le 1er octobre 2015, il est un des humoristes les plus utilisés de l’émission d’humour de La Deux, Le Grand Cactus présentée par Adrien Devyver et Jérôme de Warzée. Il y joue principalement l’invité interviewé en plateau par Jérôme de Warzée sous les traits de personnalités aussi diverses que Jean-Paul Belmondo, Gérard Depardieu, Mylène Farmer, Jean-Claude Van Damme, Bernard-Henri Lévy ou Céline Dion ou de personnages comme Tatayet ou Jacquouille la Fripouille.
En décembre 2016 et au début de 2017, il apparaît plusieurs fois dans l’émission de Cyril Hanouna Touche pas à mon poste ! sur la chaîne C8. Il y imite Cyril Hanouna lui-même après l’avoir déjà imité dans Le Grand Cactus.
En février 2020, il présente la 10ème cérémonie des Magritte du cinéma.
La même année il joue dans Losers Revolution aux côtés de Clément MANUEL
Pour le suivre sur Instagram : https://www.instagram.com/kody_kim/?hl=fr
C’est gagné (texte)
- Bonjour fidèles auditeurs de « Autos pour tous ». Bonjour Frédéric. Aujourd’hui nous allons tenter de répondre aux interrogations de nos auditeurs sur les SUV tous terrains qui fleurissent dans les concessions de l’hexagone.
- En effet, Franck, les constructeurs nous proposent presque tous de nouveaux modèles qui allient confort et performances pour affronter les routes et les chemins et même parfois la neige et le verglas en toute sécurité.
- Commençons par le B6-4 de Toyota qui comme son nom l’indique est un six cylindres, monté sur le châssis bien connu du B4-4. De la puissance, du couple et de l’efficacité. Les qualités de ce SUV ne sont plus à démontrer. Alors, qu’apporte le six cylindres ? Tout d’abord de la puissance c’est indéniable, mais la véritable surprise est que ça lui donne de la souplesse. Malgré ses deux tonnes, il reste agile partout. Frédéric, vous l’avez essayé sur les pistes suédoises. Racontez-nous.
- Oui Franck, un petit groupe de journalistes, dont votre serviteur, ont été invités au centre de la Suède à Östersund, au milieu des lacs et des forêts pour tester ce nouveau B6-4 de Toyota. Les Suédois sont vraiment très sympathiques et l’hôtel « Norra Vägen » d’Östersund particulièrement accueillant, avec son sauna traditionnel, sa cuisine typique et son personnel aux petits soins.
- Bien, bien, Frédéric, mais le B6-4 ?
- Oui j’y viens ! Il est formidable. Déjà, pour aller de l’aéroport jusqu’à l’hôtel, il a fallu passer un pont et bien voyez-vous, Franck, le B6-4 l’a franchi sans aucun problème !
- Mais voyons Frédéric, c’est un pont autoroutier. Non ?
- Oui bien sûr, mais c’est là la force de ce magnifique SUV, même dans des conditions tout à fait ordinaires de la vie quotidienne, il est parfait.
- C’est l’heure de notre coupure publicitaire. Chers auditeurs nous vous retrouvons juste après…
- Tu déconnes Frédéric on s’en fout de la route pour aller à l’hôtel. Il faut que tu parles de la piste, de la neige, du vent… de la Suède quoi.
- Chut ! Ecoute la pub !
- Toyota, une gamme de SUV pour tous ! Soixante ans d’expérience et d’innovations au service de votre confort ! En Toyota, la vie va !
Pirelli des pneus pour toutes les routes et toutes les saisons. Neige, pluie, sable, boue, avec Pirelli aucun souci !
- En effet, là je m’incline. Mais pourquoi tu ne parles pas de ton essai.
– Mais enfin t’es pas allé en Suède depuis quand toi ? Une fois à l’hôtel on n’est plus sorti. Il y avait la correspondante de « Das Auto », tu sais, l’Autrichienne super canon. Tu l’aurais vue au sauna ! Qui veut tester un SUV sur la neige, en plein brouillard après deux heures de sauna avec Carlotta ? Moi, j’peux pas !
- Ok, mais tu as bien au moins le communiqué de presse de Toyota ? Oui ?
- Re-bonjour, chers auditeurs. Frédéric, vous nous disiez que le B6-4 est vraiment formidable. On vous écoute.
- En effet Franck, c’est sur les routes enneigées du centre de la Suède que ce véhicule donne toute sa mesure, braquage et contre braquage se font dans une fluidité parfaite grâce à une direction extrêmement précise. Le pilotage électronique de la direction est couplé au GPS pour offrir une précision et une sécurité sans égale. L’anticipation est la règle numéro un de la sécurité. On passe de l’asphalte au verglas sans même s’en rendre compte.
- C’est aussi dû aux pneus Pirelli. Non ?
– Bien sûr Frédéric, ils sont actuellement les plus sûrs et les plus confortables. Ils sont un peu plus chers que la concurrence, mais le rapport qualité prix est inégalable. Toutes les Toyota en sont équipées d’origine !
– Prenons maintenant une question d’un auditeur. On me dit que c’est une auditrice. Bonjour Madame, ou plutôt devrais-je dire Mademoiselle ?
– Non, c’est bien Madame. Bonjour.
– Alors. Madame. Quelle est votre question ?
– J’hésite entre le SX Junior de Kia et le tout nouveau 202 TT de chez Volvo.
– Ce sont de tout petits SUV, chère Madame.
– J’ai déjà eu le premier SX Junior de 2017 et je l’ai vraiment trouvé très bien. Mais là avec la sortie du 202 TT je ne sais plus lequel choisir pour faire mes tournées d’infirmière.
– Vous avez besoin d’un 4×4 pour faire vos tournées ?
– Oui j’habite à la montagne et en hiver le 4×4 est bien utile pour sortir tous les jours. Surtout tôt le matin.
– C’est donc vous la « Dame de Haute Savoie » ?
– Voyons Frédéric, un peu de sérieux.
– Chère Madame. Magali, je crois ?
– Oui c’est bien ça.
– Magali, vous hésitez donc entre deux modèles que nous n’avons pas essayés et sur lesquels nous ne pouvons pas vraiment vous éclairer. Mais connaissez-vous le A4-4 de Toyota ? Il est certes un peu plus cher que ceux que vous aviez sélectionnés, il subit une petite taxe carbone que n’ont pas les deux autres, mais croyez nous il est FORMIDABLE ! N’est-ce pas Frédéric ?
– Mais oui Magali, c’est le meilleur choix. Je vous propose un petit jeu tout simple pour tenter de gagner une remise de quinze pour cent sur l’achat du A4-4 de Toyota. Vous voulez essayer ?
– … Heu. Oui. Pourquoi pas.
– Alors Magali, pour gagner un bon de quinze pour cent de remise sur l’achat d’un A4-4 de Toyota pouvez-vous me dire quel est le slogan de notre radio ?
– Heu, je crois que c’est : « La radio absolument indépendante. »
– Bravo Magali, c’est GAGNE !









